Journées Professionnelles de la Construction 2022 : retour sur les conférences transverses

Publié le : 22-09-2022

A l’occasion des Journées Professionnelles de la Construction de la CAPEB qui se tiennent les 22 et 23 septembre au MEETT à Toulouse, la CAPEB organise quatre conférences transverses.
Ces conférences ont pour objectif d’aborder les sujets d’actualité et les enjeux du secteur de (rénovation du patrimoine, bâtiment de demain, rénovation énergétique, compétences et attractivité des métiers…) en s’appuyant sur des points de vue d’experts.

Retour sur les ateliers qui se sont tenus ce jeudi 22 septembre.

La rénovation du patrimoine

Partant du constat que les artisans sont des partenaires privilégiés dans l’entretien du patrimoine, l’atelier a permis d’apporter des éléments sur la manière dont ils peuvent agir pour répondre aux besoins du patrimoine, avec les autres acteurs de ces marchés.

Pour participer à la table ronde, un architecte du patrimoine avait été convié ainsi que deux représentants de la Fondation du patrimoine, l’un chargé du mécénat et l’autre spécialisé dans la restauration des monuments en péril.

Eric Le Dévéhat, administrateur en charge du patrimoine pour la CAPEB et lui-même tailleur de pierre investi sur ces marchés, Jean-Marcel Gioffredo, conseiller professionnel de l’UNA MTPI et maître artisan plâtrier spécialisé dans la restauration du patrimoine et Sébastien Laveaux, couvreur également spécialiste du bâti ancien et conseiller professionnel des couvreurs plombiers chauffagistes complétaient cette table ronde.
Un quart des clients sont des professionnels et tous les autres sont des particuliers. Un point de départ essentiel pour réfléchir aux meilleures façons d’engager la restauration du patrimoine bâti.

L’architecte Jean-François Collart a défini le patrimoine bâti comme un bâti qui ne se rase pas. Au nom d’une certaine évolution, on a tendance à vouloir raser au lieu de préserver les vieux bâtiments qui peuvent être restaurer.

Rémi Paulin a rappelé l’objet de la Fondation du Patrimoine qui œuvre bien au-delà du financement des restaurations. Il a également souligné qu’un maire a surtout besoin de conseils avisés pour engager des fonds publics à bon escient, c’est-à-dire pour conduire un vrai projet. La relation avec le maire implique un savoir-faire et un savoir-être.

Sébastien Laveaux a souligné qu’il est également important de pouvoir expliquer et argumenter sur ce qu’il est possible d’apporter en tant qu’entreprise et être capable de dire non pour respecter le bâti et aider le client à se projeter.

Comment l’artisanat doit-il s’adapter au bâtiment de demain ?

Thierry Toffoli, Président des maçons carreleurs au sein de la CAPEB, et Jean-Michel Martin, Président des charpentiers menuisiers au sein de la CAPEB, ont introduit l’atelier en rappelant la nécessité de préparer les entreprises du bâtiment à l’avenir dans un secteur soumis à de nombreuses évolutions.

Jérémy El Beze, Chef de projet R&D / Analyse et modélisation économique au CSTB a présenté l’étude prospective « Imaginons ensemble les bâtiments de demain », réalisée par l’ADEME et le CSTB, dont l’objectif est d’explorer les futurs alternatifs de la construction et de l’immobilier à l’horizon 2050. Cette démarche a pour ambition de connaitre les évolutions qui vont impacter le secteur du bâtiment et d’anticiper.

L’étude prospective a permis d’identifier deux tendances majeures :

  • Le vieillissement de la population : 9% de la population français a plus de 75 ans actuellement et ce chiffre passera à 16% en 2050.
  • La multiplication et le cumul des risques systématiques (pandémie, conflits armés, crises économiques…)

Quatre scénarios sur l’avenir du bâtiment et de l’immobilier ont été construits :

  • Le premier scénario, « difficile de tout faire » est marqué par la difficulté pour les acteurs du bâtiment de faire face à une triple transition (démographique, numérique avec le BIM, et environnementale). Les investissements conséquents nécessaires manquent et les différentes politiques restent relativement inefficaces. Les ménages ont une capacité d’investissement limitée et les acteurs du bâtiment peinent à investir à la hauteur des besoins. Le parc évolue de manière contrastée entre des bâtiments neufs qui répondent aux nouveaux enjeux et encore des bâtiments existants mal adaptés.
  • Le second scénario, « bâtiment comme service », est caractérisé par l’adaptation rapide des acteurs du bâtiment aux défis environnementaux et à la croissance démographique, et plus particulièrement de ne pas étaler les villes et de rénover le parc bâti. Ce scénario s’appuie sur une industrialisation forte qui permet de rénover massivement.
  • Le troisième scénario, « rééquilibrages », est marqué par un rééquilibrage territorial au profit des territoires périurbains, des villes moyennes ou de territoires ruraux. La préservation de l’environnement et l’anticipation des crises systémiques deviennent prioritaires. On assiste à Frugalité, utilisation des ressources locales, réinvestissement dans le logement se développent. La rénovation des bâtiments accélère et apparait comme une filière attractive.
  • Le dernier scénario, « pénuries », correspond à la difficulté de la société à gérer le cumul des crises systémiques. Dans ce contexte, les ressources manquent et les acteurs du bâtiment se retrouvent bloqués et privés de ressources (humaines, financières…). Les acteurs régisssent en ordre dispersé, et la territoire et la société se fractionnent (réapparition des bidonvilles) alors que les ménages aisés maintiennent leur niveau de confort.

Pour tout savoir sur la démarche, rendez-vous ici.

Les outils d’accompagnement des professionnels pour la rénovation énergétique

Sylvain Fornes, président des peintres de la CAPEB, a introduit la conférence en justifiant le choix de la thématique.
Il a expliqué que la crise énergétique et l’urgence climatique nécessitent de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les artisans ont tout leur rôle à jouer, à travers la rénovation énergétique (isolation…). L’objectif étant la neutralité carbone en 2050.
Il a rappelé que la CAPEB est active et impliquée dans l’ensemble des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique, elle participe aux différents groupes de travail sur ces sujets (CEE…).
Enfin, il a précisé que les artisans peuvent s’appuyer sur les différentes ressources existantes afin de les aider dans la rénovation énergétique.

Philippe Estingoy, de l’Agence Qualité Construction, est intervenu afin de présenter le travail de l’Agence Qualité Construction. Cette agence, créée il y a quarante ans, a pour vocation de prévenir les désordres et d’améliorer la qualité de la construction. Elle s’appuie sur des observatoires et de la prévention sur les produits et techniques de production.
Il a présenté les différents programmes existants : RAGE, PACTE, PROFEEL et désormais PROFEEL 2.

Philippe Estingoy, est revenu sur le programme RAGE (Règles de l’Art Grenelle Environnement), déployé de 2010 à 2014 et qui a donné lieu à :
– Des recommandations pour alimenter la révision ou la rédaction d’un nouveau NF DTU
– Des guides techniques

Puis le programme PACTE a été lancé. Le programme PACTE mobilise toute la filière bâtiment autour d’actions concrètes visant à renforcer la qualité des constructions et des rénovations pour une véritable efficacité énergétique.
– 15 nouveaux Référentiels techniques
– 32 Calepins des chantiers disponibles sur www.programmepacte.fr
– + de 80 projets soutenus en métropole et en outre-mer (notamment une douzaine de MOOC soutenus avec 14 000 stagiaires finalistes.
Les ressources sont disponibles sur www.programmepacte.fr

Désormais, les acteurs sont mobilisés pour le programme PROFEEL avec l’ensemble de la filière bâtiment. L’objectif est de développer des solutions innovantes : permettre d’atteindre la performance énergétique, sécuriser et améliorer la qualité des travaux de rénovation énergétique.

Aujourd’hui, le programme PROFEEL est une démarche collective de la filière Bâtiment qui met à disposition différents outils (applications numériques, fiches pratiques, services web…). Parmi les outils développés, Check réno‘, une application et un site web qui recensent des fiches de réception et d’autocontrôle de chantiers.

Depuis le début d’année et jusqu’à 2025, 8 nouveaux projets sont lancés (GO-RENOVE 2, QUARTER, RENOPTIM, RENO BOX…).

Aristide BELLI, de l’Association Technique Energie Environnement (association qui œuvre pour l’efficacité énergétique) est intervenu pour présenter le programme OSCAR qui vise, notamment, à former des RAR, des référents destinés à se former et maintenir leurs compétences sur les CEE.
L’objectif est d’accompagner et de former (via des MOOC notamment) ces référents qui auront l’ensemble des compétences sur les Certificats d’économies d’énergies et Ma prime Renov’ et pourront aider au mieux les entreprises artisanales du bâtiment.
Des outils seront également créés pour les artisans. La plateforme OSACR a été créée et est désormais accessible ici.

Compétences, recrutement et attractivité des métiers

Le bâtiment fait partie des secteurs d’activité en proie à des difficultés de recrutement croissantes qui posent clairement la question de l’adéquation entre l’offre et la demande, entre les attentes des jeunes et celles des entreprises.

Cet atelier visait à aider les chefs d’entreprise présents à mieux comprendre les jeunes générations pour mieux les accueillir et leur donner envie de rester au sein de l’entreprise. Un aspect présenté par le Directeur du Marketing et de Développement du CCCA-BTP, Franck Le Nuellec, aux côtés de Laure Vial, cheffe de file formation de la CAPEB, Jean-Yves Labat, Gilles Mailet et Jean-Claude Rancurel, administrateurs confédéraux.

Franck Le Nuellec a commencé son propos en soulignant que c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que nous sommes confrontés à autant de mutations : énergétique et environnementale, numérique et technologiques, économiques et sociétaux. Les nouvelles générations ont donc la chance de pouvoir écrire le monde d’après, de pouvoir redessiner un monde plus durable. Elles sont aussi imprégnées de ces nouvelles réalités qui marquent clairement leurs aspirations : en recherche de sens, en interaction permanente avec leur environnement, avec leur “meute”, dans la bienveillance et le respect de l’autre.

Ces jeunes veulent pouvoir segmenter leur journée, devenir leur propre patron, mise sur le multi métier, souhaitent travailler selon leur propre méthode, être traités d’égal à égal avec leur hiérarchie, et accordent une grande importance à l’ambiance au sein de l’entreprise, plus qu’à la rémunération.

Il est donc indispensable que les entreprises artisanales aient conscience de ces comportements et attentes pour pouvoir trouver les bons arguments qui seront suffisamment convaincants pour attirer ces jeunes et les garder. La TPE est au cœur des enjeux économiques et sociétaux. Elles doivent être porteuses de sens, agiles, humaines, égalitaires, flexibles.